Numéraire de l’Opus Dei et Administratrice: l’histoire de ma vocation. Le Témoignage de Marie-Dominique Sindo

«Aujourd'hui encore, je vois la main de Dieu à travers mon «départ» à Yamoussoukro car c’est là que j'ai découvert la merveille qu'est le Home Management désigné dans l’Œuvre par l’expression ‘Administration de la maison’»

''Une heure d'étude, pour un apôtre moderne, c'est une heure de prière.'' (Chemin, n° 335). Cette phrase de saint Josémaria est celle qui m'a le plus marquée lorsque j'ai commencé à fréquenter un Centre de l'Opus Dei. J'étais alors en classe de 1ère D au Lycée Classique d'Abidjan. A ce moment-là, je n'aurais jamais pu imaginer toutes les transformations que cette rencontre inattendue allait opérer dans ma vie ainsi que dans celle de mes proches.

Marie-Dominique à l’entrée du Club Nimba

Je m’appelle Sindo Affoué Marie Dominique. J'ai 31ans et je suis Numéraire de l'Opus Dei. Je suis la benjamine d'une fratrie de trois frères et deux sœurs ; toutes les deux membres de l'Œuvre.

En cette quarantième année de l'Opus Dei en Côte d'Ivoire, c'est un sentiment de reconnaissance qui m’anime envers mes frères et sœurs ainés qui ont accepté de quitter leurs familles pour commencer le travail apostolique ici. Certes, Dieu leur a donné les grâces nécessaires pour cette tâche mais nous savons tous que les débuts ne sont pas faciles.

Je peux affirmer sans exagérer que j'ai connu l’Œuvre à un moment où j'en avais le plus besoin. J'étais à l'époque une adolescente, qui s’efforçait de s’appliquer à l’étude tout enrecherchant une orientation à donner à ma vie, car j’étais quelque peu désorientée : plusieurs défis se présentaient alors, et il fallait viser juste. Le fait de fréquenter un Centre de l'Opus Dei m'a beaucoup aidée à surmonter les difficultés de ce moment et à avoir la certitude que malgré tout ce qui pouvait nous arriver dans la vie, Dieu restait pour nous un Père aimant, plein de bienveillance.

Je me rappelle encore la première fois où j'ai mis les pieds au Centre Culturel Nimba, dont la formation spirituelle des personnes qui le fréquentent, est confiée à la Prélature ; il était alors situé dans le quartier de Cocody. Nous étions à la fin de l’année 2005. Une de mes camarades de classe m’y avait invitée. Après plusieurs relances de sa part, j'ai fini par accepter. La leçon qui m’est restée gravée depuis lors, est que cela vaut la peine d’insister un peu et de ne pas se décourager lorsque nous savons que ce que nous proposons est pour le bien d’autrui.

Le Centre m'a tout de suite plu. Il était soigné, ordonné et bien entendu, les personnes qui m'ont accueillie ont été très chaleureuses. Je me rappelle que celle qui m'a reçue a pris le temps de m’écouter parler pendant un long moment sans m'arrêter, dans une attitude très attentive qui m’a fait dire intérieurement « mais quelle patience! » : en effet, j’étais très agréablement surprise, du fait que je venais tout juste de faire sa connaissance.

JE GARDE UN TRÈS BON SOUVENIR DE CE CENTRE CAR C'EST LÀ QUE J'AI APPRIS À ASSOCIER L’ÉTUDE À LA PRIÈRE, EN ESSAYANT DE RECHERCHER L’EXCELLENCE À LAQUELLE ASPIRE TOUT BON ÉLÈVE.

Une pièce de cette maison a aussi attiré mon attention: l'Oratoire où le Seigneur était présent dans le Tabernacle ; il était simplement aménagé mais très bien entretenu ! Je garde un très bon souvenir de ce Centre car c'est là que j'ai appris à associer l’étude à la prière, en essayant de rechercher l’excellence à laquelle aspire tout bon élève.

Club Nimba : façade du siège actuel

J’ai pu faire partager à mes parents mon goût pour la fréquentation du Centre Nimba : Lorsque je leur ai expliqué qu’à cet endroit, je pouvais étudier tranquillement les après-midis et recevoir d'autres formations qui pourraient me plaire, ils ont beaucoup apprécié l'idée. Par exemple, mon père n’hésitait pas à parcourir plusieurs kilomètres pour me permettre de m’y rendre : quittant son lieu de travail au Plateau plusieurs jours en semaine, il m’y rejoignait pour regagner notre domicile, situé au quartier de Yopougon : plus de 30 km de parcours à chaque occasion, et cela pendant toute une année ! Dès qu’il arrivait, il passait tout d’abord à l'oratoire pour saluer le Seigneur en faisant une génuflexion. Mes parents ne sont pas membres de l’Œuvre et ne participent pas aux activités qui y sont organisées, mais même aujourd’hui, ils sont toujours très reconnaissants de ce que Dieu a fait de moi et pour moi, à travers l’Opus Dei.

Un autre point très important à partager, était qu'au Club Nimba, il y avait une ambiance saine qui caractérisait le climat de fréquentation de toutes lesfilles qui prenaient part aux diverses activités. On y recevait beaucoup mais en même temps c'était naturel de donner de soi-même. Par exemple, j'aimais donner des cours de dessin aux très jeunes associées du Club pendant les vacances et je prenais mon rôle très au sérieux. Durant l'année, nous avions des cours de doctrine chrétienne avec le prêtre et de brèves exhortations chaque semaine sur des sujets variés de la vie quotidienne et de la morale. Ce n'était pas toujours évident de faire ce petit voyage Yopougon-Cocody mais je me rendais compte que cela en valait la peine.

Nous étions en 2007 lorsque j’ai décidé de faire partie de l’œuvre, car cette ambiance de famille m’a beaucoup attirée ; je venais d’avoir le Baccalauréat et j’ai dû me rendre à Yamoussoukro pour commencer les études à l'Institut National Polytechnique – Houphouët Boigny (INP-HB). Pour être sincère, ce n'était pas dans mes projets, car j'avais toujours rêvé d’être une artiste (une star de rock aux cheveux bleus ou bien une artiste-peintre!). Depuis l’école primaire, je faisais partie de la chorale des enfants de la Paroisse Saint Sauveur Miséricordieux avec ma sœur aînée. Au collège, nous avions, pendant les vacances, pris des cours de piano. Et c’est là qu’est né mon goût pour l’écriture et la composition de chansons personnelles. A vrai dire, cette fibre artistique est une histoire de famille : mes frères et moi avons monté un studio de films d’animation où ceux qui ne dessinent pas peuvent poser leurs voix lors des doublages, écrire les scénarios des films ou encore s'occuper de la partie informatique ou de diverses autres tâches...

Je me rendais également compte qu'à Yamoussoukro, nous avions besoin de continuer de diffuser auprès des toutes jeunes promotions des « Grandes Ecoles », le message de sanctification personnelle à travers l’étude, enseigné par Saint Josémaria et qui avait été pour moi une merveilleuse découverte. Admise à l'École Supérieure d'Agronomie (ESA) après deux années aux Écoles préparatoires biologiques, j’ai appris à rendre compatibles les cours, ma formation au Centre, les causeries nocturnes de formation humaine et spirituelle avec mes amies sur le Campus (Eh oui, il fallait s'adapter aux horaires des étudiantes !), les activités du week-end… : Ces années-là furent très intenses mais cela a vraiment été pour moi, une très belle expérience !

Centre Okassou : travail en équipe sous l’appatam

Avant même d’avoir terminé mes études pour devenir ingénieur agroalimentaire, je pensais déjà me dédier à ce métier afin de m’occuper de ma famille qu’est l’Œuvre.

Aujourd'hui encore, je vois la main de Dieu à travers mon « départ » à Yamoussoukro car une fois arrivée, j'ai découvert la merveille qu'est le Home Management (l’ensemble des techniques de gestion du foyer) désigné dans l’Œuvre par l’expression « Administration de la maison » : cette activité professionnelle se réfère à l’exécution de l’ensemble des tâches relatives au service à la personne, là où elle réside, et a pour mission de faciliter que les Centres de l’Œuvre soient de véritables foyers familiaux, par la manière de l’exercer, en y mettant la meilleure qualité possible et en formant toujours les personnes qui s’y dédient afin qu’elles soient compétentes. En effet, c’est au Centre Culturel Okassou où je résidais, que j'ai appris à m'occuper des tâches ménagères : l’équipe de l’Administration composée par les fidèles de l’œuvre qui se dédient professionnellement à ce noble travail – trois numéraires auxiliaires et une administratrice – m’a transmis le goût du service et l’amour du foyer et à prendre part à ce travail avec un grand enthousiasme. En 2011, j’ai eu la chance et la joie de voir pour la première fois, Monseigneur Xavier Echevarrίa, Prélat de l’Opus Dei, que nous appelons familièrement le Père. Lorsdu voyage qu’il a effectué à Yamoussoukro à cette occasion, il n’a pas manqué de remercier toutes ces personnespour le travail réalisé en expliquant qu’il était capital pour l’Œuvre. Cela m'avait en effet beaucoup marquée. Et c’est pourquoi, avant même d’avoir terminé mes études pour devenir ingénieur agroalimentaire, je pensais déjà me dédier à ce métier afin de m’occuper de ma famille qu’est l’Œuvre.

Marie-Dominique : une journée de travail

En mars 2014, j’ai soutenu le mémoire de fin d’études afin d’obtenir le diplôme d’ingénieur. Et même si j’avais déjà commencé des démarches pour travailler dans une entreprise comme les autres étudiants de ma promotion, j’ai tout annulé. Je me disais : « Pourquoi attendre davantage si je pouvais travailler comme administratrice maintenant et surtout que le développement de l’Œuvre en Côte d’Ivoire en avait grand besoin». Ce fut, une seconde vocation pour moi : je ne le vis point comme un sacrifice mais plutôt comme un engagement libre car non seulement j’allais pouvoir mettre au service de l’Œuvre toutes mes connaissances – les arts, les sciences de l’ingénieur – mais aussi, faire une chose que j’aimais vraiment et cela n’était pas donné à tout le monde.

Séminaire sur le travail en équipe. Marie-Dominique (au centre) avec son équipe de travail : Boni Julie, Sagara Rebecca, Fêtê Sandrine, Houessou Christine, et Noelia Bermudez (Consultant en Ressources humaines et développement personnel : formateur)

Dans le cadre de ma spécialisation pour l’exercice du métier d’Administratrice, j’ai eu la chance de pouvoir aller en septembre 2016 à Rome pour participer au projet PROA (Projet Romain d’Administration), un programme de formation dans cette profession, mené en collaboration avec le CEICID, un centre d’investigation en sciences domestiques, qui se trouve en Espagne et qui est spécialisé en la matière. Nous étions seulement deux du continent africain – une Kényane et moi-même – et le reste du groupe était composé d’européennes et de sud-américaines de diverses professions: historiennes, médecins, infirmières, professeurs d’éducation physique, ingénieures, etc. Ce furent dix mois intenses d’apprentissage dans tous les domaines, aussi bien sur le plan humain et professionnel que spirituel. Être au cœur de l’Opus Dei – là ou se trouve le siège central – et pouvoir se rendre autant de fois que possible dans l’Eglise prélatice, qui y est construite et où l’on peut vénérer les reliques de Saint Josémaria ; et également dans sa crypte où reposent le Bienheureux Alvaro, Monseigneur Echevarria, Carmen Escriva de Balaguer –la sœur de Saint Josémaria que l’on appelle affectueusement tante Carmen, et qui s’est dédiée volontairement à la tâche d’administrer les tous premiers Centres de l’Œuvre – ou encore Dora del Hoyo – la première numéraire auxiliaire –…Tout cela était pour moi comme un rêve mais surtout un motif d’action de grâces.

Marie-Dominique (au centre) ; Marie-Noëlle N’Guessan (à gauche) ; Nadia Adou (à droite). A Rome, lors d’une rencontre internationale sur l’enseignement universitaire (UNIV) et les métiers de services (INCONTRO ROMANO)

En juin 2017, à la fin de ce programme, nous avons reçu des diplômes qui avaient pour chacune de nous une valeur inestimable. Certaines parmi nous avons eu la chance de rencontrer le Prélat actuel – Mgr Fernando Ocariz – avant de quitter Rome pour rejoindre nos pays respectifs. Ce fut un entretien chaleureux et le Père nous a dit une chose qui est restée gravée dans ma mémoire : « L’Administration est la colonne vertébrale de l’Œuvre. Sans Elle, nous ne sommes rien! ».

Depuis mon retour en Côte d’Ivoire, je travaille à cette belle tâche de l’Administration des Centres de l’Œuvre avec mes sœurs numéraires auxiliaires, aidées d’autres filles assurant ce service. Toutes les formations antérieures que j’ai pu recevoir m’aident énormément dans mon travail quotidien d’autant plus que nous devons travailler de manière très professionnelle. Mon goût pour l’art m’aide beaucoup quand il s’agit de décoration ; ma formation d’ingénieur est un appui dans tout ce qui a trait à l’organisation, à la prévision, à la comptabilité, à la prise de décisions, à l’amélioration continue des processus et gestion du personnel… Quant à ma spécialité en Agroalimentaire, elle m’a donné les connaissances nécessaires pour l’élaboration de menus équilibrés, le contrôle de la qualité, la gestion des stocks alimentaires, les régimes, la maintenance et le choix de certaines machines, etc.

Marie-Dominique à son bureau

Je conclus pour dire qu’avoir un diplôme supérieur (du type BAC+5) et travailler à l’Administration est un atout majeur. Je dois exercer les qualités d’un bon leader, nécessaires pour un poste de direction où il faut savoir déléguer afin de pouvoir écouter, diriger et former. Toutefois, il faut faire attention à ne pas s’écarter de l’essentiel car comme le disait saint Josémaria « l’Administration sans la vie intérieure ne sert pas et est un désastre ! ». L’Œuvre en effet, s’appuie non seulement sur le travail que nous faisons chaque jour mais aussi sur notre prière constante qui est un véritable soutien pour tous les apostolats afin de rapprocher du Seigneur, davantage de personnes de tous les milieux. Je termine cet article avec des mots de notre Saint fondateur qui me permettent d’avancer chaque jour avec la “sainte fierté” de servir dans les circonstances que Dieu veut pour moi actuellement : « Cela me console tout spécialement de savoir que quelques unes de mes filles, après avoir obtenu un doctorat à l’université, comprennent la nécessité de ce travail dans les Administrations et s’y consacrent avec une sainte fierté, en utilisant aussi leurs connaissances scientifiques pour améliorer les services. Que Dieu les bénisse». (Saint Josémaria, 29/07/1965).