La joie de la Fille de Sion

À la veille du 3ème dimanche de l'Avent, appelé dimanche "Gaudete" pour son antienne d'ouverture, cet article nous invite à partager l’allégresse de la Sainte Vierge, "fille de Sion, par excellence".

L’amour inépuisable du Créateur a établi, dès le début, une alliance fidèle avec Adam et Eve. Après leur infidélité, Dieu a proclamé son désir de rachat. La succession de justes, depuis le martyre d’Abel, a ouvert la voie au peuple élu, fondé sur la foi entière d’Abraham.

Depuis, Israël est présenté par les prophètes comme l’épouse élue, devenue souvent infidèle, humiliée par ses adversaires ; enfin purifiée, Dieu la prépare pour les noces messianiques : la « Fille de Sion » sera parée de gloire, heureuse et féconde.

Sur la colline de Sion se dressait le temple de Salomon, lieu de présence et de proximité avec l’Éternel. Jérusalem, capitale et représentante du peuple, est fière d’héberger l’arche, vénérée par les chérubins et aspergée par le sang purificateur des sacrifices.

La ville sainte est personnifiée comme la fiancée de Dieu : « la fille-Jérusalem », « la fille-Sion » bénéficie des prévenances passionnées du Bien-Aimé. « Il éprouvera une vive joie à ton sujet ; dans son amour, il te renouvelle, il jubile et crie de joie à cause de toi » (Sophonie 3, 17).

Le magistère solennel de l’Église reconnaît Notre Dame comme « Fille de Sion par excellence » (Lumen gentium §55). Dès 1995, une rosace monumentale, vitrail de l’artiste hongrois Janos Hajnal, exprime ce titre à l’intérieur de la basilique Sainte Marie Majeure. Notre Dame est entourée des symboles de l’Alliance.

La « fille de Sion » personnifie le reste pur du peuple élu, qui accueille enfin le Messie. La Vierge Sainte est la seule digne de l’accueillir au nom de toute l’humanité. Établie, en même temps, comme Fille de Dieu, Mère du Roi et Épouse de l’Esprit qui l’obombre, Marie est le fil conducteur de la promesse du salut.

« Sa présence, presque inaperçue aux yeux de ses contemporains, resplendissait clairement devant l'Éternel qui avait associé au plan salvifique, embrassant toute l'histoire de l'humanité, cette fille de Sion cachée » (Jean-Paul II, enc. La Mère du Rédempteur §3).

L’invitation pressante à la joie, que les prophètes adressent à la « fille de Sion » sera répétée par l’archange Gabriel : « Réjouis-toi, pleine-de-grâce ! »

L’invitation pressante à la joie, que les prophètes adressent à la « fille de Sion » sera répétée par l’archange Gabriel : « Réjouis-toi, pleine-de-grâce ! ». L’allégresse irrésistible est le fruit de la présence de Dieu dans son peuple, ainsi que de l’arrivée du Messie et de sa fécondité spirituelle inouïe : « ces trois motifs trouvent leur pleine réalité en Marie, la Vierge de l’Alliance » (Jean-Paul II, 1/05/96).

L’âme contemplative partage l’attitude de la Mère de Dieu devant le salut imminent

L’âme contemplative partage l’attitude de la Mère de Dieu devant le salut imminent. « Si tu considères attentivement les faveurs divines, tu seras alors la fille de Sion ; si, dans l’exultation, tu chantes et combles de louanges et d’éloges la gloire de Dieu, alors tu connaîtras la joie parfaite : si, de cette considération, naît la joie spirituelle, alors, fille de Sion, tu seras dans l’allégresse, ce qu’a ordonné le prophète en disant : ’Pousse des cris de joie et sois dans l’allégresse, fille de Sion !’ (Zacharie 2, 10) » (Thomas d’Aquin, Sermon 7 §1).

La Fille de Sion devient servante du salut dans la foi, l’espérance et l’amour sacrifié. Dieu trouve ses délices en demeurant en elle. « Le Seigneur est au milieu de toi, en héros, en vainqueur » (Sophonie 3, 17).

La femme élue a le droit de danser, de tressaillir, d’applaudir (Zacharie 2, 14 ; 9, 9). Après avoir engendré le Roi, elle donnera naissance à un peuple (Michée 4, 1).

Ses enfants la suivent de près. « Soyez les filles de Sion par la contemplation des choses d’en haut, et ainsi vous pourrez voir le roi Salomon, c’est-à-dire le Seigneur des anges, avec la couronne dont sa mère l’a couronné (Cantique 3, 11), c'est-à-dire, dans l’humanité reçue de son ascendance juive » (Thomas d’Aquin, ibidem).

Vitrail de Sainte Marie Majeure (Rome)

Abbé Fernandez