Une visite historique

Le voyage de Benoît XVI en Grande Bretagne fut bien plus qu'une simple visite de courtoisie. Récit de notre envoyée spéciale à Londres

Benoit XVI vient de passer quatre jours au Royaume Uni pour une visite historique à de nombreux points de vue. Il s’agit en effet de la première visite d’Etat d’un Pape au Royaume-Uni depuis le schisme. Jean-Paul II s’y était déjà rendu mais il s’agissait d’une « visite pastorale » avec un caractère moins officiel.

La raison de la venue du Saint Père était la béatification du Cardinal John Henri Newman, ce grand pasteur anglican converti au catholicisme en 1845. Benoit XVI a choisi de le béatifier personnellement alors même qu’il laisse normalement les béatifications aux églises locales.

Historique, la visite l’aura également été pour les catholiques anglais très minoritaires dans leur pays : ils représentent 5,2 millions de personnes soit 8,8 % de la population. Le Pape savait qu’il venait les encourager et ils ont répondu par leur présence très nombreuse aux différents rassemblements mais aussi dans les rues pour saluer et soutenir le Saint Père.

L’archevêque de Westminter a accueilli Benoit XVI le samedi matin avant la messe par ces mots : « Saint Père, vous n’imaginez pas la joie des catholiques anglais de vous recevoir… », avant de lui demander, de manière très émouvante : « venez nous guider ».

Lire >> Homélie du Pape lors de la messe dans la Cathédrale du Très Précieux Sang de Notre Seigneur Jésus-Christ - City of Westminster.

En sortant de la messe, le Pape s’est adressé à des milliers de jeunes qui l’attendaient sur le parvis de la cathédrale : « le Christ parle à votre cœur, dites oui, n’ayez pas peur de vous donner au Christ.

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Les catholiques londoniens étaient très présents tout au long des trajets du saint Père. Leur joie de l’accueillir était palpable.

A Hyde Parc, pour la veillée de prière, ils étaient plus de 80 000 dans une ambiance très recueillie. Prenant la parole devant cette foule avide de l’entendre, le souverain Pontife a dit : «Pour qui regarde avec réalisme notre monde d'aujourd'hui, il est manifeste que les chrétiens ne peuvent plus se permettre de mener leurs affaires comme avant. Ils ne peuvent ignorer la profonde crise de la foi qui a ébranlé notre société, ni même être sûrs que le patrimoine des valeurs transmises par des siècles de chrétienté va continuer d'inspirer et de modeler l'avenir de notre société. Nous savons qu'en des temps de crise et de bouleversement, Dieu a suscité de grands saints et prophètes pour le renouveau de l'Église et de la société chrétienne».

Et après une journée éreintante, Benoit XVI que l’on voyait de loin dans Hyde Park avec sa cape blanche sur les épaules est resté à genoux pendant tout le temps de l’adoration du Saint Sacrement alors même qu’on lui avait préparé une chaise.

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Le dimanche, le Pape a béatifié un de ces «grands saints » dont il parlait la veille, John Henry Newman. «Sans une vie de prière, sans une transformation intérieure, dit le Saint Père, nous ne pouvons, selon les paroles de Newman, «irradier le Christ» ; nous ne devenons qu'une «cymbale  de plus qui retentit», dans un monde toujours plus «bruyant et confus, où abondent les chemins erronés ne menant qu'à la déception et à l'illusion».

Et le Saint Père de rappeler aux catholiques : «Il ne peut y avoir de différence entre ce que nous croyons et notre manière de vivre». «Pour être de véritables chrétiens, il nous faut vivre notre vie dans la plus grande honnêteté, humilité et sainteté.»

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