J'étais à la béatification de Jean Paul II

Antoine faisait partie des 700 pèlerins qui sont allés à Rome en bateau depuis Toulon.

Comment s'est déroulé le voyage dans le bateau ?

J'ai fait le voyage à Rome dans le bateau de la compagnie Corsica Ferries affrété par le diocèse d'Aix en Provence, diocèse qui a instruit le miracle retenu pour la béatification de Jean Paul II. C'était un pèlerinage animé par les religieuses de la congrégation des maternités catholiques.

Nous étions accompagnés par Mgr Dufour, l'évêque du diocèse, ainsi que par son prédécesseur qui avait eu la charge d'instruire le procès pour la guérison miraculeuse de soeur Marie Simon-Pierre. Elle était parmi nous au retour de Rome.

Xavier, le directeur du centre de l'Opus Dei d'Aix en Provence, fort de l'expérience acquise lors de l'organisation du voyage en bateau pour la canonisation de saint Josémaria, s'était mis à la disposition du diocèse pour aider, chercher un bateau disponible (ce qui s'avéra un peu plus compliqué que prévu) et assurer les relations avec les médias qui nous accompagnaient. Il a été remercié chaleureusement par tous les participants pour son efficacité et dévouement.

Nous étions environ 700 personnes sur le bateau, essentiellement du diocèse d'Aix, mais aussi de Paris, Rouen (une bonne représentation de l'institution scolaire Jean Paul II), Nantes, Toulouse… Nous avions conscience d’être des "privilégiés" ayant le Saint Sacrement sur le bateau, et des adorations à certaines heures, dans l'oratoire aménagé dans la salle de cinéma, et l'autel pour la célébration des messes installé dans la salle de fêtes. Une très belle statue de la Sainte Vierge, très venerée à Aix-en-Provence (N.D. de la Seds) présidait le pèlerinage.

Bon nombre de prêtes parmi nous ont concélébré la messe de dimanche et accompagné les pèlerins. Certains s'occupaient plus particulièrement des nombreux jeunes qui faisaient le voyage avec nous. Des étudiants, des servants de messe, de jeunes enfants avec leurs parents conféraient au voyage une ambiance très vivante.

L’ambiance de prière et de recueillement a permis de faire de ce voyage un vrai pèlerinage : célébrations liturgiques, homélies, célébration des laudes, bénédiction du bateau, chants, témoignages et surtout, lors de la messe d'action de grâce du 2 mai nous avons pu vénérer la relique de Jean Paul II offerte par le Saint Siège au diocèse d'Aix (identique à celle qui était sur la place Saint Pierre), car c'est le diocèse qui a instruit le procès du miracle comme je l’ai déjà dit. Le recueillement et la ferveur des pèlerins m'ont impressionné. On sentait la présence de l'Esprit Saint.

Nous avons eu un programme bien rempli, avec deux exposés samedi matin, avant notre arrivée à Civitavechia : Jean Paul II, la famille et la catéchèse, et Jean Paul II et la défense de la vie, par le président de la Fondation Jérôme Lejeune, Jean-Marie Le Mené. Il nous a parlé du lien d'amitié très fort que Jean Paul II avait avec le professeur Jérôme Lejeune et du travail de la fondation pour défendre la dignité de toute vie humaine.

Au retour de Rome, après la cérémonie de béatification, un grand rassemblement a été organisé dans l'immense salle du restaurant du bateau et nous a permis d'écouter différents témoignages des participants, dont celui des jeunes qui ont vécu la veillée au circo massimo et la nuit romaine, et surtout celui de soeur Marie Simon-Pierre et de la mère supérieure de la congrégation qui l'accompagnait. Soeur Marie Simon-Pierre a raconté avec beaucoup de simplicité comment elle se sentait "portée" par la prière de tous quand elle conduisait la relique de Jean Paul II lors de la cérémonie.

La mère supérieure de la congrégation nous a fait le récit de la guérison et nous a fait comprendre comment toute la congrégation était touchée par la grâce après le miracle de Jean Paul II. Elles reçoivent du courrier du monde entier en leur demandant de prier Jean Paul II pour des personnes qui souffrent et elles ont ouvert un livre pour noter toutes les intentions de prière.

Comment avez-vous suivi la cérémonie au milieu de cette foule immense?

Accompagnant un couple d'amis avec un enfant de 4 ans, je n'ai pas cherché à être "bien placé". En voyant la foule qui attendait déjà à 4 heures du matin, nous nous sommes contentés d'un petit monticule au fond de la via della Conciliazione, sous la protection d'une magnifique statue de sainte Catherine de Sienne qui avait tant aimé le pape. Nous pouvions voir la coupole de Saint Pierre, la foule qui essayait d'avancer, et quand les drapeaux le permettaient, de voir aussi la façade avec le portrait de Jean Paul II, ou un petit bout d'un écran placé à 500 mètres. Nous n'avions ni jumelles ni écouteurs pour suivre la cérémonie à la radio, mais la sono était bonne et toutes les personnes qui nous entouraient étaient là pour prier et assister à la messe dans un grand recueillement. A côté de nous, des mères polonaises avec leurs filles adolescentes ont pleuré pendant toute la cérémonie. Nous étions aussi entourés d'autres polonais, mais aussi des belges, des espagnols, des italiens, tous très émus. Ils répondaient et chantaient de toutes leurs forces.

Etant arrivés assez tôt sur les lieux nous avons commencé le mois de Marie en récitant le chapelet à 5 heures du matin et en priant pendant toute l'attente pour toutes les personnes présentes et ceux qui n'avaient pas pu venir : nous n'avons pas vu passer le temps 9 heures. Nos amis de la Nouvelle Calédonie et de l'île de la Réunion, mais aussi tous les autres étaient présents dans notre prière. Le petit enfant de 4 ans a dormi sur une couverture jusqu'à 11 heures et s'est tenu très sage le reste du temps, ce qui est assez remarquable.

Ces journées ont été pour moi un vrai moment de "catholicité", de communion avec les catholiques du monde entier en union avec le saint Père.