Janine Sautreau, France

"Mon dernier fils, Philippe, a été très malade; mon mari et moi avons cru le perdre ; nous avons écrit à St Josemaria. Il nous a envoyé des lettres très réconfortantes..."

Jeanine, vous êtes une des premières femmes mariées membre de l’Opus Dei en France. Vous avez écrit lors du procès de canonisation de Saint Josemaria; pouvez-vous nous dire pourquoi ?

Mon dernier fils, Philippe, a été très malade; mon mari et moi avons cru le perdre ; nous avons écrit à St Josemaria. Il nous a envoyé des lettres très réconfortantes. Il nous a beaucoup aidés, comme des parents que nous étions. Je suis certaine que sa prière a eu une grande importance dans le rétablissement de Philippe ; ces lettres ne contenaient pas des belles paroles pieuses comme « le bon Dieu fera pour le mieux » etc., c’était presque terre à terre ; bien sûr, il nous disait de prier et aussi qu’il priait avec nous pour Philippe, comme quelqu’un qui vraiment lui était cher ; il était très attaché à tous ses enfants ; ces lettres étaient pleines de tendresse paternelle. Il nous disait de demander la guérison totale de notre fils, nous donnait des paroles d’encouragement pour nous aussi, pour qu’on vive ce temps là comme une grâce, pas uniquement comme une souffrance ; il n’insistait pas sur la souffrance mais sur la guérison de Philippe qu’il fallait demander absolument.

Que ce soit dans les moments critiques ou bien quand Philippe allait mieux, les lettres de St Josemaria étaient toujours pleines d’optimisme, il apportait du bonheur ; ce n’était pas le style larmoyant « il faut offrir ses souffrances… », « vous savez c’est la destinée », « c’est la volonté de Dieu »; pour moi la souffrance aurait été encore plus grande avec ce genre de discours. Il adoptait au contraire un ton joyeux. J’ai beaucoup été aidée par Chemin (livre de St Josemaria) et par ses lettres pleines d’encouragement.

Il nous disait: « faites confiance aux médecins, prier pour eux, prier avec confiance, faites le nécessaire, soyez sûrs que le Seigneur vous écoute pour le mieux » ; il ne nous disait pas comme d’autres : « vous savez c’est la destinée », « c’est la volonté de Dieu ».

Pensez-vous que Saint Josemaria est vraiment pour quelque chose dans la guérison de votre fils ?

Quand on a découvert la maladie (hydrocéphalie) de Philippe, le médecin nous a dit : « il est perdu ou alors il sera idiot, il ne marchera pas, il ne parlera pas »; il ne voulait pas l’opérer car soit il en mourrait soit il restait idiot ; je revois la scène, mon mari lui a dit : «faites ce que vous avez à faire, le bon Dieu fera le reste »; il a donc été opéré et c’est à ce moment-là qu’on a écrit à Saint Josemaria; il nous disait qu’il priait beaucoup pour « notre petit Philippe ». Philippe a marché, il a parlé, il n’est pas idiot ! Pour nous c’est un miracle. Philippe s’en est très bien sorti par rapport au diagnostique initial; il ne lui est resté que quelques séquelles; mais bien sûr avec la prière il y a eu aussi la main du chirurgien, il ne faut pas l’oublier !

Qu’en pense Philippe ?

Sentimentalement parlant il ne peut pas bien se rendre compte de ce qu’on a vécu mon mari et moi; il est croyant et pratiquant ; il n’est pas membre de l’Opus Dei mais il aime beaucoup St Josemaria et le prie très souvent.

Qu’est qui vous a le plus marqué dans la personnalité de St Josemaria?

Sa simplicité et son affection, surtout dans son courrier ; il parlait de « notre petit Philippe » comme s’il était son petit fils. J’ai toujours été impressionnée par la manière dont il nous considérait : ses enfants, des enfants que Dieu lui avait confiés. Après la guérison de Philippe, j’ai gardé cette joie du fait de savoir que Dieu est Père.

Ce qui est intéressant c’est qu’il n’a jamais séparé la vie chrétienne de la vie ; vous me direz que tout chrétien devrait faire cela. Mais on a tous un peu tendance à séparer la vie dévote et la vie normale ; c’est ce que j’ai le plus appris grâce à l’Opus Dei, à ne rien séparer. Vivre avec Dieu à chaque instant. Ca ne veut pas dire une vie confite en dévotion, mais en pensant à Dieu dans la journée et en lui réservant des moments.

Comprenez-vous les attaques professées contre St Josémaria et l’Opus Dei ?

On ne m’a jamais parlé en mal de St Josemaria mais de l’Opus Dei. Les gens connaissent mal l’Opus Dei. Ce que St Josemaria a vu lorsque Dieu lui a montré l’Opus Dei, ce sont des gens comme tous les autres mais qui porte Dieu au milieu du monde en essayant de le porter en eux. Ce sont des gens qui prient, certes, mais d’une manière adaptées à leur vie. L’infirmière, la mère de famille, le notaire ne vont pas prier au même moment, de la même façon. Ce n’est pas un carcan ; la spiritualité de l’Opus Dei est faite pour chacun. Si cela vous arrange de prier à 5h du matin, vous priez à 5h du matin; si c’est 10h, c’est 10h ; c’est libre et adapté à chacun ; cela varie aussi selon les périodes de la vie. Des gens me disent « ah j’ai appris que vous étiez de l’Opus Dei, je n’aurais pas cru » ; parce qu’il y a une marque spéciale pour être de l’Opus Dei ? Non, nous sommes des chrétiens normaux !