Fioretti janvier 2020

Quelques propos du Pape François, stimulant un amour de Dieu et du prochain dans la vérité de la vie quotidienne.

Le véritable amour n’est pas de l’eau distillée

À Sainte-Marthe, le 10 janvier 2020 :

«Si quelqu'un dit: “J'aime Dieu” et déteste son frère, c'est un menteur» (1 Jn, 4, 20).

"J'aime Dieu, je prie, je suis en extase... et puis je rejette les autres, je déteste les autres ou je ne les aime pas, simplement, ou je suis indifférent aux autres"... Jean ne dit pas "tu as tort", il dit "tu es un menteur". Et cette parole de la Bible est claire, car être menteur est la façon d'être du diable: il est le Grand Menteur, nous dit le Nouveau Testament, il est le père du mensonge. C'est la définition de Satan que la Bible nous donne. Et si tu dis que tu aimes Dieu et que tu hais ton frère, tu es de l'autre côté: tu es un menteur. Il n'y a pas de concessions à faire dans ce domaine.

“Je ne hais pas, Père, mais il y a beaucoup de gens qui me font du mal ou que je ne peux pas accepter parce qu'ils sont grossiers". Jean en a donc tiré une conclusion très logique: "Si tu n'es pas capable d'aimer les gens, du plus proche au plus lointain, tu ne peux pas nous dire que tu aimes Dieu: tu es un menteur".»

«Le véritable amour n'est pas de l'eau distillée: c'est de l'eau de tous les jours, avec des problèmes, avec des affections, avec de l'amour et avec des haines, mais c'est cela. Aimer le concret, l'amour concret: ce n'est pas un amour de laboratoire. C’est ce que nous apprend l'apôtre, avec ces définitions claires. Mais il y a une manière de ne pas aimer Dieu et de ne pas aimer son prochain un peu cachée, qui est l'indifférence. "Non, je ne veux pas ça: je veux de l'eau distillée. Je ne me mêle pas des problèmes des autres." Vous devez prier, pour aider. […]

Ce n'est pas facile, mais par le chemin de la foi il y a la possibilité de dépasser […] la mentalité du monde, qui nous empêche d'aimer. C'est le chemin dans lequel n'entrent pas les indifférents, […], ceux qui ne veulent pas se mêler des problèmes pour aider, pour faire le bien; n'y entrent pas non plus les faux mystiques, ceux qui ont un cœur distillé comme l'eau, qui disent aimer Dieu mais oublient d'aimer leur prochain. Que le Seigneur nous enseigne ces vérités: la certitude d'avoir été aimés les premiers et le courage d'aimer nos frères. »

Nous n’avons rien payé pour devenir chrétiens

À Sainte-Marthe, le 21 janvier 2020 :

« Nous n’avons rien payé pour devenir chrétiens. Nous prêtres, évêques, nous n’avons rien payé pour devenir prêtres, évêques –du moins c’est ce que je pense…– parce qu’il y en a, si, qui veulent poursuivre leur soi-disant carrière ecclésiastique, qui se comportent de façon simoniaque, qui cherchent des influences pour devenir ceci… les arrivistes. Non, mais ce n’est pas chrétien. Etre chrétien, être baptisé, être ordonné prêtre et évêque, c’est de la pure gratuité. Les dons du Seigneur ne s’achètent pas. […] Être saint, c’est protéger ce don, rien de plus. Dans la vie ordinaire… au travail, souvent l’on parle à ce fonctionnaire, ce gouvernant, pour avoir un poste plus élevé… Mais être chrétien, être prêtre, être évêque, c’est seulement un don. Le grand don de Dieu , l’Esprit-Saint, est "pure grâce", il est offert sans aucun mérite de notre part ».

Quel mal font les chrétiens incohérents et les pasteurs schizophrènes !

À Sainte Marthe, le 11 janvier 2020 :

« Jésus avait de l’autorité parce qu’il était cohérent entre ce qu’il enseignait et ce qu’il faisait [c’est-à-dire] la façon dont il vivait… […] L’autorité se montre en cela : cohérence et témoignage.

Au contraire, les scribes n’étaient pas cohérents. C’est pourquoi Jésus met en garde le peuple contre le dire sans cohérence avec le faire. Il ne perd pas une occasion de le leur reprocher car agissant ainsi ils sont tombés dans une schizophrénie pastorale. C’est l’hypocrisie pointée du doigt par Jésus. […] L’hypocrisie est la façon d’agir de ceux qui ont une responsabilité sur les personnes –dans ce cas une responsabilité pastorale– mais qui ne sont pas cohérents, qui n’ont pas autorité. »

Le peuple de Dieu tolère de nombreux pasteurs hypocrites, beaucoup de pasteurs schizophrènes qui disent et ne font pas, sans cohérence. Cependant il sait distinguer la force de la grâce, ce qui vient de Dieu ou non. »

L’Évangile n’avancera pas avec des évangélisateurs ennuyeux

À Sainte-Marthe, le 28 janvier 2020 :

« La première lecture de ce jour (2S 6,12b15.17-19) nous raconte la fête de David et de tout le peuple d’Israël pour le retour de l’Arche d’Alliance. Elle avait été volée, et son retour est une grande joie pour le peuple. Il sent que Dieu était avec eux. Et le roi David y va aussi, et il se place en tête de la procession, offre un sacrifice en immolant un taureau et un animal engraissé. Il crie avec le peuple.Il chante et de toutes ses forces. Il danse devant le peuple, il exprime sa joie, sans honte. Il ne pense pas qu’il est le roi, et qu’il doit être détaché des gens, distant.—Sa Majesté !"—. David aime le Seigneur, il est heureux de pouvoir porter l’arche du Seigneur. Il exprime ce bonheur, cette joie, en dansant et en chantant avec tout le peuple. La joie de l’Evangile est féconde et c’est même la condition d’une évangélisation fructueuse. L’Église n’avancera pas, l’Évangile n’avancera pas avec des évangélisateurs ennuyeux, amers. L’évangélisation n’avancera qu’avec des évangélisateurs joyeux, pleins de vie. La joie de recevoir la Parole de Dieu, la joie d’être chrétien, la joie d’avancer, la capacité à faire la fête sans avoir honte […] Dans son exhortation apostolique sur « l’évangélisation dans le monde moderne », Evangelii nuntiandi (1975), saint Paul VI […] exhorte les catholiques à la joie: il voulait « encourager nos frères dans la mission d’évangélisateurs pour que, en ces temps d’incertitude et de désarroi, ils l’accomplissent avec toujours plus d’amour, de zèle et de joie ».

La différence entre Dieu et ceux qui promettent de vous donner ces idoles, comme les mages, les cartomanciens, les sorciers

Angelus du 6 janvier 2020 (Epiphanie) :

« C’est nous qui devons changer, transformer notre mode de vie même dans l’environnement habituel, pour changer les critères de jugement sur la réalité qui nous entoure. Voilà la différence entre le vrai Dieu et les idoles qui trahissent, comme l’argent, le pouvoir, le succès …; entre Dieu et ceux qui promettent de vous donner ces idoles, comme les mages, les cartomanciens, les sorciers. La différence c’est que les idoles nous lient à elles et nous nous prenons possession d’elles. Le vrai Dieu ne nous retient pas ni ne se laisse retenir par nous: il ouvre des voies de nouveauté et de liberté. »