Lettre du vicaire (2021)

Arrivé au pays en pleine pandémie, le nouveau vicaire de l’Opus Dei pour le Canada, Mgr Antoine de Rochebrune, tenait à écrire à ses nouveaux concitoyens.

Chers amis, chères amies,

J’ai été nommé au printemps dernier par le prélat de l’Opus Dei pour le représenter au Canada et guider cette organisation catholique non seulement au Québec, mais dans tout le pays. Heureusement, je ne suis pas tout seul : je peux compter sur des personnes qui travaillent avec moi depuis Montréal. Il nous revient d’accompagner à la fois les personnes de l’Opus Dei, prêtres et laïcs, et leurs initiatives d’apostolat : résidences d’étudiants, centres culturels, activités de jeunesse, etc., dans ce qui concerne l’activité centrale qui est la nôtre : la formation chrétienne.

J’arrive au Canada avec 25 ans de sacerdoce, dont une vingtaine passés dans un ministère similaire à celui-ci, puisque je dirigeais la prélature de l’Opus Dei en France. L’expérience est une aide certaine, tout comme l’amour naturel que chaque français porte pour le Québec! Je viens de la vieille Europe, comme on dit, et je découvre ce que nos ancêtres appelaient le Nouveau Monde. Mon premier regard est donc celui d’un explorateur, de celui qui découvre.

Un nouveau printemps

Le Canada fait vingt fois la France. Il me semble que cela m’invite à avoir une vision large et un esprit magnanime! En découvrant pour l’instant la partie francophone du Canada, je suis impressionné par le fait que les Fondateurs de ce pays comptent parmi eux des Saints dont la vie est édifiante, et que ce pays a été construit sur une identité chrétienne très forte. En France, il y a une vingtaine d’années un débat s’est fait jour au sujet des racines chrétiennes de la France et de l’Europe.

Ici et aujourd’hui, au Québec, ces racines peuvent sembler bien enterrées et donner l’impression de ne plus irriguer aucun secteur de la société... Mais vous savez, vous qui avez l’expérience de l’hiver et du printemps, que les végétaux qui semblent morts en hiver renaissent vigoureux au printemps. Je rêve donc d’un printemps pour l’Église catholique au Canada, et au sein de l’Église, de cette petite famille qu’est l’Opus Dei. Modestement, je désire apporter ma part à la nouvelle évangélisation de ce pays.

Le pragmatisme : un atout

Mes premiers pas au Canada sont ceux de la découverte d’un État fédéral, d’une organisation différente de la société par rapport à la France. Comme chaque nation, le Canada a ses spécificités que je découvre jour après jour. Le pragmatisme que je constate ici est une grande qualité, qui permet de ne pas se perdre ni dans l’analyse ni dans les détails, et il me semble un atout car il s’accorde très bien avec l’esprit de l’Opus Dei, qui est concret, dynamique et moderne. Ce que ma mission me demande, c’est de faire découvrir cet esprit de l’Opus Dei à beaucoup de Canadiens et de Canadiennes. J’ai envie de leur dire que le monde est bon, que Dieu l’a créé et nous a placés dans ce monde pour le rendre encore meilleur. Nous avons une tâche très belle, qui appartient à toute époque historique et donc au moment que nous vivons, qui consiste à devenir des personnes meilleures, des personnes très bonnes, et même des saints. C’est ainsi que nous rendrons le monde meilleur.

Dès mon arrivée j’ai bien sûr fait l’expérience de l’hiver canadien, avec tout ce qu’il a de beau et de différent. Toutefois, j’ai aussi été frappé de voir dans le froid des itinérants dans les rues. Le monde des affaires côtoie une humanité fragile et souvent ignorée. Le matérialisme ouvre parfois de petites fenêtres à la solidarité. Nous, les chrétiens, et spécifiquement les personnes de l’Opus Dei, nous sommes appelés à vivre un christianisme de la charité : comme le dit Jésus, chaque fois que vous aurez fait le bien à ces plus petits qui sont les miens, c’est à moi que vous l’aurez fait (Mt 25, 40).

Pandémie : le Christ à nos côtés

J’arrive dans ce pays touché comme tant d’autres par cette pandémie mondiale, et je vois les dommages considérables que cette situation génère sur les relations familiales, humaines, amicales. Je sais que des étudiants se trouvent isolés, que les visites aux personnes âgées sont parfois très limitées, que les églises sont ouvertes à très peu de personnes, que des personnes tombent malades et que des familles sont touchées par le deuil, ou par la perte d’un emploi. Tout cela est une grande peine, et je prie tous les jours pour que les choses s’arrangent.

Dans ce contexte, l’optimisme est sur le plan humain ce que les chrétiens appellent la vertu théologale de l’Espérance. Que me dit-elle? Elle ne me dit pas que tout va s’arranger en allumant des cierges, mais l’Espérance me donne la conviction que le Christ est proche de chacun à tout moment, et spécialement dans les épreuves. Mon expérience dans l’Opus Dei m’a permis, non seulement à moi mais à beaucoup de personnes, de comprendre cela et de le vivre. Celui qui ne prie pas ou qui ne sait pas prier a devant lui une découverte impressionnante à faire : découvrir que dans la vie ordinaire il peut trouver Dieu, donner du sens à son existence, et la sanctifier.